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SUR LES RAILS DE

L'HISTOIRE

Rails & histoire, l'Association pour l'histoire des chemins de fer vous propose de plonger dans l'histoire des chemins de fer au travers de nombreux domaines (législatifs, techniques, commerciaux etc...).Ces thèmes et dossiers seront amenés à évoluer au fil du temps : regroupements ou nouvelles déclinaisons pour les premiers, enrichissements pour les seconds.

Il y a 50 ans, la création du Service de la Recherche

Dans le cadre du Livre des 20 ans de l’AHICF (1), François Caron avait reproduit l’exposé de Roger Guibert, directeur général de la SNCF, sur l’activité du Service de la Recherche de 1966 à 1971, tel que présenté au conseil d’administration le 15 décembre 1971. Nous vous proposons aujourd’hui l’exposé que le même Roger Guibert fit en préambule à la création de ce Service le 27 juillet 1966.


« L’organisation actuelle de la recherche à la S.N.C.F. est une organisation intégrée, c’est-à- dire que la recherche est incorporée aux services utilisateurs, par opposition à une organisation centralisée où la recherche est regroupée dans un service spécial et répartie par secteurs de connaissances scientifiques. C’est ainsi que 6 Directions ou Services s’occupent des recherches : Matériel et Traction, Installations Fixes, Etudes Générales, Commerciale, Mouvement, Approvisionnements.


Pour ces recherches, quelques agents sont utilisés à temps plein, mais la plupart ont également d’autres fonctions.


Ces agents sont répartis dans une vingtaine de divisions, subdivisions, sections et laboratoires. La coordination entre les différents services de recherches se fait soit par des contacts entre ces Services, soit par des Comités Inter- Directions, enfin, depuis septembre 1965, par une Commission de la Recherche, que préside M. LEFORT (2).


Les sommes consacrées à la recherche en 1965 se sont élevées à 31 M au Compte d’Exploitation et à 3,8 M au budget d’investissements. Le personnel qui lui est affecté s’élève à environ 350 à 400 agents, dont 70 % du Matériel et Traction.


D’autre part, nos chercheurs disposent d’un certain nombre d’équipements :

- centre de calcul du Service des Études Générales,

- centre d’essais de St-OUEN des Installations Fixes,

- station d’essais de VITRY, laboratoire électronique de VITRY et laboratoire de chimie et de mécanique de LEVALLOIS, de la Direction du Matériel et de la Traction,

- calculatrices analogiques de la Division des Études de Traction Électrique et de la Division des Études de Traction à moteurs thermiques,

- appareils divers de la Section des Essais et Recherches du Matériel et Traction et 20 voitures d’expériences et d’essais.


J’ajouterai que quelques recherches sont confiées à des organismes extérieurs et qu’une liaison étroite est assurée avec les propres recherches de nos constructeurs.


Enfin, nous participons, bien entendu, aux travaux de l’O.R.E. qui est l’Office de Recherches de l’ensemble des Réseaux membres de 1’U.I.C. Cet organisme, établi à UTRECHT, répartit, entre les Administrations qui en sont membres, les recherches et essais de manière à éviter les doubles emplois et à obtenir le maximum d’efficacité des moyens dont jouissent les Réseaux ; il dispose d’une station d’essais à VIENNE et son budget s’est élevé à 6,5 M de F pour l’exercice 1964/1965. Malgré l’importance des recherches effectuées et les résultats brillants obtenus (souvent mal connus d’ailleurs à l’extérieur) dans les progrès de nos engins de traction, dans nos installations de signalisation, dans l’automatisation des triages, dans la suspension des voitures, dans les circulations à grande vitesse, le traitement de l’information, etc., notre organisation actuelle ne paraît pas suffisante pour nous donner toute sécurité sur la place du Chemin de fer dans l’avenir au milieu d’autres modes de transport de plus en plus perfectionnés et de plus en plus concurrents.


Déjà, pour l’ensemble de l’économie française, les dépenses de recherches ne représentent que 1,5 % du produit national brut, alors qu’en HOLLANDE elles atteignent 1,8 %, en GRANDE-BRETAGNE 2,2 %, aux U.S.A. 3,1 % (d’après une statistique de la Délégation Générale de la Recherche Scientifique et Technique de 1962).


En FRANCE, la place de la S.N.C.F. est relativement modeste puisque, comparée aux autres organismes de recherches du secteur public, la S.N.C.F., avec les 345 agents qu’elle a consacrés à la recherche en 1964, se place loin derrière le Centre National d’Etudes des Télécommunications (2 700 agents), l’E.D.F. (1 740), le CERCHAR (722) et même le Gaz de France (523). Dans le secteur privé, l’Institut de Recherches pour les huiles et oléagineux avait un effectif, en 1964, de 2 150 agents, l’Institut Français du Pétrole de 1 436 agents, l’Institut de Recherches du coton et des textiles exotiques de 1 305 agents, l’Institut Français du café, du cacao et autres plantes stimulantes de 1 249 agents, l’Institut de Recherches de la Sidérurgie de 669, etc.


En fait, les recherches que nous effectuons à la S.N.C.F. ne sont très complètes qu’en ce qui concerne le perfectionnement de l’outil actuel, avec d’ailleurs plus d’approfondissement lorsqu’une seule Direction est en cause.


Des recherches prospectives sont également faites pour des méthodes et équipements nouveaux concernant toujours le chemin de fer classique (par exemple, les grandes vitesses et l’automatisation), mais ces recherches prospectives sont encore fragmentaires et ne couvrent pas l’ensemble du problème. Et elles ne concernent pas les moyens de transport nouveaux.


Enfin, faute de cadres appropriés, nos recherches sont malheureusement insuffisantes en ce qui concerne les sciences économiques, qu’il s’agisse de liaison entre techniques et économie, ou de la prévision du trafic à long terme.


On peut encore dire que la publicité sur nos recherches est insuffisante, aussi bien à l’intérieur de la S.N.C.F. qu’à l’extérieur.


Or, il paraît nécessaire, en face d’une concurrence envahissante, de repenser nos structures d’exploitation, de retrouver des sources d’accroissement d’une productivité qui tend à s’essouffler, de donner au rail ses chances maxima dans le domaine des transports, de ne pas laisser échapper des techniques nouvelles entrant dans la vocation de notre Société, enfin de donner confiance dans notre avenir, tant aux Pouvoirs Publics qui contrôlent nos investissements qu’à nos cadres actuels et aux éléments de valeur que nous voulons recruter. Pour étudier l’organisation de nos Services de recherches, nous avons constitué un groupe de travail composé de hauts fonctionnaires des trois grands Services : Exploitation, Matériel et Traction et Installations Fixes, et présidé par M. GENTIL (3), Chef du Service de l’Exploitation de la Région de l’Est.


Ce groupe de travail s’est prononcé pour le regroupement des recherches dans un centre spécialisé, la recherche intégrée dans les services utilisateurs lui ayant semblé présenter beaucoup d’inconvénients. En effet, les agents affectés aux recherches sont trop absorbés par les tâches quotidiennes pour porter leur esprit vers des buts plus lointains. D’autre part, les qualités que doit posséder un chercheur sont très différentes de celles que doit réunir un gestionnaire. Le personnel de haute qualification ne peut être recruté séparément par chaque Direction, mais doit l’être en facteur commun. Enfin, la recherche intégrée conduit à une dispersion géographique des organismes de recherches qui est extrêmement gênante.


Après avoir pris contact avec 1’U.I.C., les centres de recherches des Chemins de fer Polonais (PKP), des Chemins de fer Britanniques, de l’E.D.F., des Charbonnages de France et de la C.G.E., le groupe de travail propose la création d’un centre de recherches spécialisé qui laisserait dans chaque Direction une partie de recherche intégrée : celle qui est étroitement associée aux études courantes. Le point délicat est évidemment de tracer une frontière entre ce qui resterait aux Directions et ce qui serait centralisé. A priori serait centralisé tout ce qui est prospective (mouvement, commercial ou technique) et ce qui intéresse à la fois plusieurs Directions. L’organisation du centre se ferait suivant la formule horizontale, c’est-à-dire qu’il serait divisé par disciplines scientifiques.


On ferait appel à des spécialistes de haute qualité pour les mathématiques appliquées, l’électronique, la mécanique, l’économie, etc. Afin d’éviter le cloisonnement de ces différentes sections, des liaisons verticales seraient organisées sous forme de groupes de travail consacrés à un projet déterminé et dirigés par un directeur de projet. Le centre de recherches serait divisé en trois département : le département des programmes, chargé des liaisons avec la Direction Générale et rassemblant les directeurs de projet ; le département de l’information, chargé de l’information interne ou externe, des contacts avec d’autres organismes de recherches, des questions de brevets, etc. et le département de gestion. Un premier examen indique que l’effectif à prévoir, en première étape au moins, serait de l’ordre de 200 à 300 agents, dont une bonne partie en provenance du Réseau.


Bien entendu, nous n’oublierons pas que, sur le plan international, nous sommes solidaires des autres Réseaux en matière de recherches et que nous devons associer nos efforts avec les leurs dans le cadre de l’U.I.C. et de l’O.R.E., mais nous pensons qu’un centre bien outillé à la S.N.C.F. ne pourra que faciliter cette coopération internationale.


En ce qui concerne l’implantation du Centre, il n’est pas possible de trouver la place nécessaire à proximité de la station de VITRY, laquelle ne peut être raisonnablement déplacée avant longtemps en raison de l’importance des investissements qui y ont été réalisés.


D’autre part, il y a intérêt à installer le centre de recherches dans un espace de campagne, isolé du bruit et de l’agitation. Les différents directeurs des centres de recherches qui ont été consultés ont tous attiré l’attention sur la nécessité de voir grand en ce qui concerne le terrain, de façon à préserver l’avenir. Un emplacement de 40 à 50 hectares apparaît souhaitable. La liaison devra être facile avec la Gare St-LAZARE compte tenu de l’emplacement actuel ou futur de la Direction Générale.


Or, nous n’avons trouvé, parmi les terrains appartenant à la S.N.C.F., que l’ancien triage de VERNOUILLET qui réponde aux conditions posées ; il représente 40 hectares. Nous nous efforcerons d’obtenir sur ce choix l’accord du District de la Région Parisienne, qui a un projet de plan d’eau à proximité, ainsi que celui du Comité de décentralisation (4).


(1)- RHCF n° 39 - (2008/2), p. 33-43 ; http://rhcf.revues.org/814

(2)- Henri Lefort, directeur général adjoint de la SNCF de juillet 1961 à septembre 1971.

(3)- Paul Gentil, directeur général adjoint (1971-1974) puis directeur général de la SNCF (1974-1985).

(4)- Le Service de la Recherche se contentera en définitive de locaux exigus à Paris, rue de Londres, puis rue Cambacérès, enfin rue du Faubourg-Saint-Martin.


D’autre part, il serait prévu d’installer les divisions d’études spécialisées des Directions M.T. et Installations Fixes au même endroit que le centre de recherches de façon à faciliter les liaisons.


Nous demandons au Conseil un accord de principe sur cette orientation, étant entendu que le projet de centre lui serait soumis ultérieurement. Il s’agit seulement aujourd’hui de charger un Fonctionnaire Supérieur, désigné dès le 1er août de cette année comme Chef du Centre de Recherches, de diriger l’équipe de départ qui aurait à étudier, sur la base du rapport du Groupe de Travail, l’organisation du Centre, le problème de ses cadres et effectifs futurs, les locaux (que nous désirerions mettre en service le 1er août 1969), le logement du personnel. La même équipe aurait à étudier particulièrement les attributions du Centre et la frontière entre ces attributions et celles des divisions d’études spécialisées des Directions du Matériel et de la Traction et des Installations Fixes, du Secrétariat Général, de la Direction Commerciale, de la Direction du Mouvement et du Service des Etudes Générales. Sur le vu des propositions qu’elle formulerait pour ces différents points, et notamment pour l’installation matérielle du Centre et la dépense correspondant à engager, un nouveau rapport vous serait présenté dès que possible. »


Annexe au procès-verbal du Conseil d’administration du 27 juillet 1966. « Exposé de M. GUIBERT, Directeur Général, sur la création du Centre de Recherches de la S.N.C.F. » (Bulletin intérieur d’informations à l’usage des fonctionnaires supérieurs de la SNCF, n° 59, juillet-septembre 1966, p. 97-101).


Voir :

- Georges Ribeill, « Du Service à la Direction de la Recherche. 30 ans d’activités (1966- 1996) », étude manuscrite, bibliothèque de Rails et histoire.

- « Les très grandes vitesses en France », RHCF, n° 12-13 (printemps-automne 1995).

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