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SUR LES RAILS DE

L'HISTOIRE

Rails & histoire, l'Association pour l'histoire des chemins de fer vous propose de plonger dans l'histoire des chemins de fer au travers de nombreux domaines (législatifs, techniques, commerciaux etc...).Ces thèmes et dossiers seront amenés à évoluer au fil du temps : regroupements ou nouvelles déclinaisons pour les premiers, enrichissements pour les seconds.

Actualité du patrimoine : que sont devenus les sites ferroviaires de la Seine-Saint-Denis ?

Dans trois livraisons successives de la Revue d’histoire des chemins de fer, publiées en 2005, 2008 et 2009, Evelyne Lohr, conservateur de l’Inventaire, a présenté les travaux menés par le service du patrimoine culturel du conseil général de la Seine-Saint- Denis dans le domaine du patrimoine des réseaux. Constitué en application d’un protocole de décentralisation culturelle signé entre l’État et le département en novembre 2001 – avec pour objectif d’articuler patrimoine et architecture dans la perspective de la rénovation urbaine « en faisant de la collecte et de la diffusion des connaissances issues des recherches la base de démarches prospectives d’aménagement du territoire départemental » –, c’est au patrimoine industriel que le service s’est d’abord intéressé, étant donné la densité d’installations industrielles et l’emprise des réseaux de transports sur le territoire du département. L’inventaire des principaux bâtiments et équipements du système ferroviaire départemental, issu de plusieurs compagnies et alliant desserte nationale, régionale (avec la Grande Ceinture), locale (industries embranchées), de banlieue, établissements de maintenance et triages reliés aux gares parisiennes, a permis de réfléchir à plusieurs aspects du patrimoine ferroviaire : la notion de paysage technique et sa préservation ; les méthodes de l’inventaire d’un patrimoine linéaire, technique et répétitif ; la nécessité d’effectuer cet inventaire en préalable aux opérations de rénovation et transformation des emprises.


Au cours de ces études et grâce à elles, plusieurs monuments se sont affirmés. Avec le concours d’Antoine Furio, chargé de mission patrimoine industriel au service du patrimoine culturel, que nous remercions vivement, nous allons ici, au titre de l’actualité du patrimoine, montrer comment les études menées, l’intérêt qui leur a été porté par les collectivités publiques, les entreprises ferroviaires et les habitants du département, ont conduit, ou non, cinq à dix ans plus tard, à leur sauvegarde et à leur réutilisation.


Le dépôt de La Plaine


Établi à Saint-Denis en 1874, le dépôt de La Plaine a cessé toute activité il y a maintenant vingt ans. Reconstruits dans les années 1950, ses principaux bâtiments (ateliers de levage et d’entretien) – qui bénéficient désormais d’une protection au titre des monuments historiques – ont été l’objet de projets de réutilisation parfois fantaisistes et de convoitises foncières qui les ont privés de leur environnement technique immédiat. On ne parle plus cependant de les démolir et l’intention qui prévaut aujourd’hui est celle d’une urbanisation des terrains pour accueillir un programme mixte de logements et d’activités. Les anciens ateliers seraient reconvertis en Cité du patrimoine scientifique et technique, c’est-à-dire des réserves communes à onze musées scientifiques et techniques d’Île-de-France.

© Evelyne Lohr, Département de Seine-Saint-Denis - 2006

« La vocation du dépôt de La Plaine a toujours été la révision et la réparation des engins de traction pour les gares du secteur parisien. C’est donc l’un des derniers témoins d’une activité liée à la circulation ferroviaire. […] Largement reconstruit après la Deuxième Guerre (ingénieurs Sechaud et Metz), le dépôt se compose d’un atelier de réparation de matériel moteur, dit atelier de levage (des locomotives), et d’un atelier de « petit entretien ». Le premier est divisé en deux vaisseaux inégaux et équipé de ponts roulants de 60 tonnes. La structure générale est constituée de poteaux de béton à remplissage de briques. Chaque vaisseau est couvert d’une voûte et d’une charpente en béton. Le deuxième forme une façade composée de cinq pignons vitrés, épousant la forme des cinq voûtes hyperboloïdes qui le couvrent. Par sa situation, l’ensemble apparaît ainsi, à la première approche, comme essentiel à l’appréhension de l’organisation spatiale de La Plaine-Saint- Denis. Il témoigne surtout de la spécialisation à la fois industrielle et ferroviaire du territoire depuis la fin du XIXe siècle, un territoire usinier d’importance européenne, le plus dense et le plus étendu de France jusqu’à la fin du 20e siècle. » (Evelyne Lohr, RHCF 32-33).


Halle « Laffaille » de Pantin


Construite en 1946-1947, anciennement occupée par un chantier du Sernam, la halle de « trafic accéléré des marchandises » de Pantin est une rare oeuvre en béton de l’ingénieur-constructeur Bernard Laffaille (1900- 1955). Aujourd’hui désaffectée, elle ne bénéficie d’aucune protection et un permis de construire a été déposé pour assurer sa reconversion en dépôt-vente de matériaux de construction dont on espère qu’il contribuera à maintenir ce bâtiment exceptionnel.

© Antoine Furio, Département de Seine-Saint-Denis - 2007

« Les halles de Pantin ont certaines caractéristiques qui leur font tenir une place particulière dans l’architecture industrielle : leur grande dimension et l’inégalité de distribution des points d’appui. […] La qualité architecturale donnée à l’ensemble de l’ouvrage contribue à valoriser l’identité de la SNCF et l’effort de reconstruction qu’elle a engagé. Cette immense halle d’entreposage mesure 324 m de long pour 108 m de large, soit une surface de 35 000m. Elle se compose de la juxtaposition de trois nefs à structure béton reposant sur les poteaux-coque à section « V » (marque de fabrique de l’ingénieur Laffaille) et couvertes par une voûte parabolique en béton armé (7 cm) sous-tendues par des tirants en acier enrobé d’un béton de protection. […] Ce bâtiment est un exemple unique de mise en oeuvre des procédés constructifs de Laffaille, ingénieur spécialiste du béton qui influença après guerre les architectes du mouvement moderne. L’ingénieur Laffaille, connu pour ses nombreuses innovations, s’illustre en tirant profit des avantages structurels du béton sans négliger pour autant l’aspect formel. La construction originale de lanterneaux inversés assure à l’intérieur des halles un éclairage zénithal de très grande qualité. » (Antoine Furio, notice, Atlas du patrimoine de la Seine-Saint-Denis, 2003, http://

www.atlas-patrimoine93.fr/pg-html/bases_doc/inventaire/fiche.php?idfic=055inv067).


Gares désaffectées de la Grande Ceinture et du réseau Nord


Des gares de la Grande Ceinture tôt fermées au trafic voyageurs, la RHCF a signalé en 2005 Le Bourget et les deux gares jumelles de Neuilly-sur-Marne et Bobigny. Le département abrite d’autres gares très intéressantes par leur architecture mais désaffectées et murées telles par exemple Saint-Ouen et Blanc- Mesnil. Seul le projet de mémorial de la déportation de persécution projeté à la gare de Bobigny a été confirmé très récemment, RFF puis la SNCF ayant cédé leurs terrains à la municipalité, qui peut compter en outre sur le soutien de la société nationale dans sa démarche. Quant à la gare GC du Bourget, elle devrait être intégrée, du moins l’espérons-nous, dans la construction de la ligne « tangentielle Nord » dont les travaux viennent de débuter.

Gare de Neuilly-sur-Marne GC, côté ville. © Evelyne Lohr, Département de Seine-Saint-Denis

Références


• Evelyne Lohr, « L’inventaire du patrimoine ferroviaire à l’échelle du département de la Seine-Saint-Denis : l’exemple de la Grande- Ceinture », in Paul Smith (dir.), « Faire l'inventaire du patrimoine des chemins de fer. Expériences et méthodes », RHCF, 40 (2009/1), p. 35-52 (avec Gérard Jigaudon).

• Evelyne Lohr « Le paysage ferroviaire en Seine-Saint-Denis, un enjeu patrimonial et urbain », in « Le paysage ferroviaire : mémoire et patrimoine » , RHCF, 32-33 (2005), p. 147-176.

• Evelyne Lohr, Intervention dans la table ronde « Les perspectives de la recherche : patrimoine et architecture, urbanisme et paysages », avec Jean-François Belhoste, Catherine Bergeal, Karen Bowie, Anne Hecker et François Loyer, in « Le livre des 20 ans de l'AHICF », RHCF, n° 39 (2008/2), p. 261-280.

> Voir aussi l’Atlas du patrimoine de la Seine-Saint-Denis, en particulier les notices de site : http://www.atlas-patrimoine93.fr/ pg-html/bases_doc/acces-thema.php

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